Wang Shi et l’aventure chinoise de Vanke, le premier promoteur immobilier résidentiel mondial

Nous continuons notre tour d’horizon des personnalités hors norme parmi les promoteurs immobiliers chinois. Je vous avais présenté il y a quelques semaines le couple Pan Shiyi / Zhang Xin et son éclat. Attardons-nous aujourd’hui sur un autre promoteur digne d’intérêt : Wang Shi, le fondateur de la compagnie Vanke China, qui n’est ni plus ni moins que le leader mondial de la construction de résidences en 2013.

Ce qui est intéressant de voir lorsqu’on examine le parcours de ces nouveaux milliardaires est qu’ils sont le reflet des formidables changements et avancées qu’a connus l’économie chinoise ces trente dernières années. C ‘est d’autant plus vrai pour Wang Shi, qui conçoit sa vie comme une aventure.

Lors de ses débuts, dans les années 1970, Wang était pourtant bien loin d’une vie transcendante. Le jeune homme est alors fonctionnaire pour la compagnie ferroviaire du Guangdong puis, alors que la Chine amorce timidement son ouverture au monde, il est transféré à l’administration du commerce extérieur de la ville de Canton (Guangzhou). Nous sommes au début des années 80, et l’état d’esprit commence à changer.

Wang Shi jouit d’une position plus qu’enviable dans cette économie d’Etat, mais démissionne en 1984 et se rend à Shenzhen. Cette ville frontalière, zone tampon entre la Chine continentale et Hong Kong, se développe à un rythme très soutenu. Wang Shi pense que c’est là qu’il faut être pour développer le futur. C’est le début de l’aventure.

Un pari : maïs, poulet et pigeons

Wang aime raconter une histoire pour illustrer sa vie à Shenzhen et la façon dont il conduit ses affaires. Il y a de nombreuses fermes de poulet à Hong Kong, une viande très consommée là-bas, mais la faible surface agricole ne permet pas de nourrir les volailles. Avec des associés, Wang achète du maïs à Shenzhen et l’exporte à Hong Kong.

Wang aime raconter une histoire pour illustrer sa vie à Shenzhen et la façon dont il conduit ses affaires. Il y a de nombreuses fermes de poulet à Hong Kong, une viande très consommée là-bas, mais la faible surface agricole ne permet pas de nourrir les volailles. Avec des associés, Wang achète du maïs à Shenzhen et l’exporte à Hong Kong.

Pourtant il ne s’inquiète pas. Il ne pense pas que les Hong Kongais abandonneront le poulet bien longtemps et s’endette davantage en rachetant tous les stocks de maïs de Shenzhen. Quelques jours plus tard, la rumeur du poulet cancérigène est démentie, et la population retrouve ses habitudes d’achat de poulet. C’est un merveilleux coup que réalise Wang, qui amasse une petite fortune.

La création de Vanke : d’une entreprise sans spécialisation au géant immobilier

Wang s’aventure dès lors dans de nombreux domaines, devenant le type d’hommes d’affaires passant d’un deal à l’autre, sans ligne directrice précise. Il fonde Vanke China en 1988, sans cibler spécifiquement un secteur d’activités. Le succès est au rendez-vous et Vanke devient en 1991 l’une des premières sociétés à être cotées à la toute nouvelle bourse de Shenzhen. Au début des années 90, les activités immobilières de Vanke croissent rapidement, et le défi est alors de diversifier les activités et de se développer dans différents secteurs. Wang Shi se montre un dirigeant hors pair et Vanke China devient un leader grâce à des principes de management originaux. Le plus important étant sans doute de réinvestir tous les profits au-delà de 25%, une donnée essentielle dans la mesure où à cette époque de nombreuses compagnies immobilières affichent des taux de bénéfice supérieurs à 40%.

Une autre « originalité » : aucun versement de pot-de-vin. Revers de la médaille : Vanke China n’a aucun projet validé dans les grands centres urbains chinois. Néanmoins, la compagnie se développe sainement et multiplie les succès. En 1996, Vanke abandonne toutes ses activités pour se concentrer sur l’immobilier. Avec enfin un secteur de prédilection, les résultats, année aprés année, atteignent des sommets. En 2013, Vanke China est le leader mondial dans la construction de résidences.

Escalade, randonnée : à la découverte des plus hauts pics de la planète

Wang Shi est un amateur d’escalade et de randonnées en montagne, il fait partie du cercle restreint des Chinois ayant grimpé tous les plus hauts sommets du continent, et ce à l’âge de 60 ans. Il s’est également rendu aux pôles nord et sud. Wang est sportif et respectueux de la nature, ce qui explique en partie pourquoi de nombreux projets de Vanke sont respectueux de l’environnement. Ainsi, le siège de Vanke à Shenzhen est un gratte-ciel horizontal conçu par l’architecte américain Steven Holl. Le bâtiment est un modèle en matière de consommation et récupération d’énergie. Dans le cahier des charges des projets de la compagnie, l’utilisation du bois est limitée le plus possible, et de nombreuses résidences sont dotées de panneaux solaires.

Anti-routine, nouveaux défis et études

On l’a vu, Wang Shi aime l’aventure sous toutes ses formes, parfois aussi plus terre à terre, comme lorsqu’il a divorcé pour pouvoir se remarier avec une jeune actrice.

Il a entamé un autre périple à l’âge de 60 ans : il a été invité en tant qu’expert à l’université d’Harvard en 2011, et a été intégré immédiatement. Désormais, c’est un étudiant comme un autre, assistant aux cours, prenant des notes et participant aux examens, ceci sans secrétaire ou assistance. Son niveau d’anglais, limité au début, est désormais courant, et Wang continue de réaliser son rêve d’étudier à l’étranger, qu’il a toujours eu mais qu’il ne pouvait concrétiser faute de temps.

Imprimer le rythme et ouvrir de nouvelles perspectives

Wang Shi occupe aujourd’hui une position légèrement en retrait. Il a démissionné du poste de PDG et occupe le siège de président du conseil d’administration. Mais il ne faut pas se méprendre, Wang est toujours le décideur et les investisseurs suivent ses directives lorsqu’il s’exprime sur le futur de la compagnie.

Il souhaite être un modèle pour les générations futures et aiment considérer Vanke China non comme une entreprise leader, mais comme une entité qui imprime son rythme à l’acitivité immobilière. Wang veut faire passer le message suivant à ses compatriotes : allez explorer le monde, expérimentez de nouvelles choses, le ciel est l’unique limite. Il aime comparer le monde à un nouveau né, et il pense que c’est cet état d’esprit qui est à l’origine de tous ses succès.

Il continue à définir la stratégie de la compagnie, et ses études aux Etats-Unis ne sont peut-être pas une fin en soi mais plus un moyen. Le moyen de s’ouvrir les portes du marché américain pour Vanke.

Wang Shi, Immobilier Chine, Vanke China